Ophélie de John Everett Millais

Ophélie Millais

John Everett Millais
Ophélie
1851-1852
Huile sur toile
76 x 111 cm
Tate Britain, Londres

Le sujet étudié aujourd’hui est tiré de la pièce de théâtre Hamlet écrit par Shakespeare vers 1600. La toile représente Ophélie, jeune femme de la noblesse danoise promise au prince Hamlet. Cependant ce dernier tue le père d’Ophélie ce qui la fait sombrer dans la folie. La toile représente l’instant précédant la noyade d’Ophélie.

La réalisation de la toile est longue. John Everett Millais, peintre anglais appartenant au courant préraphaélite commence à peindre l’arrière plan de son oeuvre au mois de juillet 1851 dans la campagne anglaise. Une des particularité des peintres préraphaélites est alors de s’inspirer de la nature et de représenter la réalité dans leurs tableaux. Cependant, Millais se rend rapidement compte que peindre en plein milieu de la campagne n’est pas aussi idyllique qu’il l’avait imaginé. Il se plaint en effet des très nombreux insectes qui viennent l’ennuyer dans son travail, des vents violents qui menaçaient de le faire tomber dans l’eau, la pluie, les cygnes qui l’attaquaient… Bref cette excursion et cette peinture n’étaient pas une partie de plaisir pour le peintre.

Les nombreuses plantes peintes dans la toile ont toute été copiées d’après nature lors de son séjour à la campagne et elles ont toutes une signification. Il faut dire que l’Angleterre victorienne était friande du langage des fleurs. Ainsi, en étudiant la toile, nous pouvons voir des violettes, symboles de fidélité, de chasteté et de mort, un saule pleureur, des orties et des marguerites qui représentent l’amour abandonné, la douleur et l’innocence. Les coquelicots du bouquet d’Ophélie eux aussi symbolisent la mort… De bien jolies fleurs annonçant un bien sinistre avenir.

Une fois le décor peint, Millais ajoute la figure d’Ophélie vêtue d’une splendide ancienne robe brodée de fleurs qui fut trouvée par le peintre et achetée pour 4 livres anglaises. Elizabeth Siddal est la jeune femme qui sert de modèle au peintre. Son visage vous est peut-être familier car on la retrouve très souvent dans les tableaux des préraphaélites.

Pour l’oeuvre de Millais, Elizabeth Siddal passe près de 4 mois dans une baignoire ! Oui, 4 mois ! Pour l’anecdote, l’eau de la baignoire était maintenue au chaud grâce à des bougies placées en dessous. Cependant le peintre était tellement absorbé dans son travail qu’il ne remarquait pas quand les bougies venaient à s’éteindre. Elizabeth Siddal attrapa alors une mauvaise pneumonie. Le père de la modèle menaça alors de poursuivre le peintre, mais renonça quand le peintre accepta de payer tous les soins médicaux.

Le thème des femmes noyées est aussi un sujet récurent chez les préraphaélites car c’était alors un problème dans la société de Grande Bretagne. Ces peintres voulaient alors des sujets didactiques, représentant la classe moyenne, qui parlaient aux personnes qui venaient voir leurs toiles. Ophélie est donc inspirée de Shakespeare mais représente au temps de sa réalisation un sujet d’actualité.

À bientôt pour de nouvelles découvertes.


Sources:

  • Ophelia, Millais, Site internet de la Tate, consulté en ligne le 27 mai 2018.
  • Mes cours sur les Préraphaélites avec le Dr Casteras, à l’Université de Washington.

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