Les musées, leur service des publics et leur importance dans la vie culturelle de Seattle

Divers programmes au service de l’éducation dans la ville et la région

L’article qui suit provient de mon mémoire universitaire rédigé en 2016. Afin de réaliser mes recherches, j’ai passé un an à l’Université de Washington (Seattle) où j’au pu étudier mais aussi avoir accès aux archives du Burke Museum, de la Henry Art Gallery et une partie du Seattle Art Museum.
Pour ce qui est des dates de publication des articles à venir, c’est par ici.

Seattle Art Museum, Volunteer Park, Seattle, vers 1937 Carte postale ©Jan Hendrickson

Le nombre de visiteurs d’un musée était et est toujours ce qui importe le plus dans les musées américains. Ce nombre comptabilisé au cours d’une année était ensuite remonté au conseil d’administration des institutions qui avisaient des montants qu’ils allouaient aux différents départements ou au musée tout entier pour l’année suivante (270). En 1939, les Etats-Unis possédaient près de cent trente millions d’habitants et plus d’un tiers de ces derniers visitaient chaque année des musées (271). Afin de toujours avoir plus de visiteurs, et donc obtenir le plus de subventions possible, les conservateurs devaient alors se concentrer sur les services proposés au public, afin d’attirer toujours plus de monde mais aussi de fidéliser les habitants de la région.  

Accueillir les visiteurs et le département de l’éducation

Les musées de Seattle ne dérogeaient pas à la règle et eux aussi cherchaient par tous les moyens à obtenir toujours plus de visiteurs. Même si normalement les classes d’élèves ne devaient pas être comptées en tant que visiteurs dans les musées, beaucoup d’entre eux les ajoutaient afin de gonfler leurs effectifs (272). Dans le but de toujours avoir plus de classes dans les galeries du musée, les départements d’éducation des divers musées américains se sont rapidement développés faisant d’eux les pionniers internationaux dans ce domaine. Cette idée que les enfants étaient importants pour la survie des musées fit son apparition dans les institutions américaines dès les années 1870 dans les villes telles que New York ou Boston qui possédaient déjà de nombreux musées et qui organisaient alors des cours et des visites guidées pour les élèves (273). La notion d’éducation dans les musées fut un sujet longuement discuté lors de la première réunion de l’Association des Musées Américains en 1906 ce qui insiste sur son importance dans les institutions (274). 

Les musées de Seattle dans les années 1930- 1940 voulaient également améliorer leur gestion des groupes malgré leur retard de développement par rapport à la côte Est du pays. Des décisions communes, réalisées avec la commission scolaire de Seattle, avaient par exemple fait en sorte que tous les élèves en classe de quatrième aillent visiter le Seattle Art Museum un après-midi au cours de leur année scolaire en 1934- 1935 (275). Une telle décision était un avantage pour le musée qui se faisait connaître auprès des plus jeunes mais également pour la commission scolaire qui ainsi diversifiait les activités proposées aux élèves. Dans le rapport annuel du Seattle Art Museum de 1936, nous apprenons que des visites étaient organisées avec des guides les mardis et vendredis matins pour les habitants de Seattle mais également les touristes de passages gérant par ce biais des groupes relativement importants de visiteurs (276). Enfin, le Seattle Art Museum proposait en 1957 des cours particuliers spéciaux pour les lycéens « particulièrement talentueux » de la ville. Même si nous n’avons aucune information sur le contenu de ces cours, cela devait inciter les jeunes à se tourner vers l’étude de l’art et de la culture (277). Dès son inauguration en 1927, la Henry Art Gallery insistait sur son importance pour les étudiants et les clubs de la ville. D’ailleurs, dans son rapport annuel il indique que certains lycéens ou étudiants étaient venus seuls ou avec leurs classes au cours de l’année visiter les expositions présentées dans les galeries du musée ou écouter des conférences (278). Encore une fois le lien entre musées et écoles était entretenu puisque certaines conférences avaient parfois lieu dans le musée, remplaçant certaines heures de cours (279). Le rapport annuel mentionne également que la galerie était souvent ouverte à des clubs de la ville et organisait même des conférences pour ces derniers. En 1927- 1928, treize clubs utilisèrent la galerie à ces fins. Les thèmes des conférences ne sont pas indiqués mais les clubs présents partageaient des intérêts variés : musique, arts, littérature, religion … et même enseignement physique et sportif ! Accueillir ces clubs permettait au musée d’améliorer le nombre de ses visiteurs dans un premier temps mais diversifiait aussi ses activités et sa notoriété auprès des clubs de la ville. Pour ce qui concerne le Washington State Museum, il faut attendre 1941- 42 pour voir dans les rapports annuels des informations concernant la présence de groupes scolaires dans le musée. Malgré la guerre, nous apprenons que cent-dix classes scolaires, trente-six groupes d’étudiants universitaires et autres clubs ainsi que trente deux classes extérieures à la ville étaient venus visiter les galeries du musée avec un guide au cours de l’année (280). D’autres mentions de groupes scolaires seront transmises dans le rapport annuel de 1947- 48 indiquant par exemple que les visites scolaires devaient se prévoir longtemps à l’avance si les classes désiraient avoir madame Paris, conservatrice du département d’Education du Washington State Museum, en tant que guide (281). Cependant il n’y a pas vraiment d’informations précises sur l’âge des élèves qui visitaient les galeries du musée, ni si ce dernier se diversifiait accueillant des clubs comme pouvaient le faire les deux autres musées de la ville. 

Mais la transmission du savoir ne se faisait pas uniquement à travers les visites réalisées par les classes dans le musées. En effet à Seattle, nous observons avec le Seattle Art Museum et le Thomas Burke Memorial Washington State Museum que les responsables du département de l’éducation pouvaient parcourir de grandes distances pour faire connaître le musée dans la région. Edith T. Young, responsable du département de l’éducation du Seattle Art Museum, effectuait chaque année plus de deux cent conférences et présentations hors des murs du musée pour le promouvoir dans des écoles, des clubs de la région (282). Pour cela elle abordait toujours le même thème : « Le Seattle Art Museum, un atout pour le Pacifique Nord-Ouest » (283).  Elle illustrait ses propos à l’extérieur à l’aide d’un Illustravox (284), un appareil électronique composé d’un tourne-disques et un projecteur pour des films, ce qui devait inciter les écoles à faire des demande de conférences puisque madame Young venait présenter le musée avec cet outil atypique.  En 1935, il est indiqué que certains groupes et clubs avaient abusé de ces présentations et que suite à cela, madame Young allait se re-concentrer uniquement sur les classes et les écoles. Les conférences étaient principalement réalisées dans la ville, mais en 1938, vingt-huit autres villes de l’état de Washington profitèrent de ces conférences (285).  Madame Young cherchait aussi à voir si ce qui était fait dans la ville de Seattle correspondait à ce qui se faisait dans d’autres villes de la côte Est. Pour cela, elle réalisa quelques voyages afin de comparer les différentes institutions et leurs relations avec l’éducation. En 1937, elle s’absenta pendant sept semaines afin de visiter les plus grands musées des Etats-Unis, de la côte Ouest du pays à la côte Est. Ce voyage avait pour but de discuter, avec les différents directeurs des départements d’Education des divers musées visités, afin de savoir comment se plaçait le Seattle Art Museum face à ces grandes institutions. Madame Young termine son rapport annuel de 1937 en précisant avec une pointe de fierté que le musée de Seattle proposait alors le même « volume éducatif » que ces grandes institutions qui avaient alors beaucoup plus d’employés que le musée de Seattle (286). Pour ce qui concerne le Thomas Burke Memorial Washington State Museum, il faut attendre 1964 pour obtenir des informations sur la transmission du savoir sur le musée hors de ses murs. Il faut dire qu’auparavant le musée n’avait pas vraiment de bâtiment à lui et utilisait divers espaces de l’université rendant difficiles les visites de groupes scolaires. Dans le rapport annuel de 1963- 1964, il est fait mention que Madame Paris, la responsable du département d’éducation du Burke Museum, avait au cours de l’année effectué près de 5000 miles, soit plus de 8000 kilomètres, afin d’informer les écoles de la région sur les activités proposées par le musée (287). Au cours de ces visites, elle avait amené avec elles des objets des collections pour attirer l’attention sur les divers sujets abordés dans le musée et inciter les écoles à venir voir le reste des collections. Suite à ces visites, le musée avait chaque matin des groupes scolaires dans ses galeries, le nombre d’élève allait alors de quatre-vingt dix élèves pour le plus bas à six-cent-quatre-vingt les jours les plus actifs (288). Le secteur de l’éducation était donc particulièrement actif dans la région de Seattle et malgré son efficacité similaire aux grandes institutions de la côte Est, les départements d’éducation cherchaient toujours à se diversifier pour attirer toujours plus de monde dans leurs galeries. 

Afin de se diversifier, le Seattle Art Museum proposait différentes activités à ses visiteurs afin de favoriser leur venue et de les fidéliser autant que possible. Dès 1934, les enfants de la ville pouvaient bénéficier tous les samedis matin d’une heure durant laquelle la responsable de l’Education racontait une histoire (289). Ces histoires restèrent longtemps en place et attirèrent un grand nombre d’enfants. En 1935 il y avait entre quatre-vingt et cent-vingt-cinq enfants ces matins là suivant la météo (290) et on arrive à plus de deux-cents participants en 1936 (291). Les histoires étaient illustrées à l’aide de diapositives ce qui rendait le récit plus attractif pour les plus jeunes. En 1939, madame Young indique dans le rapport annuel du département de l’éducation que certains enfants participaient depuis sept ans aux activités du samedi matin (292). Une telle fidélité indique donc bien que la région de Seattle avait un public intéressé par la culture et que les parents appréciaient amener leurs enfants les samedis matin dans les musées car durant ce temps, les parents pouvaient en profiter pour visiter les différentes galeries du musée. Le département de l’éducation se diversifia par la suite en proposant une sorte de chasse au trésor dans les galeries où les enfants devaient partir à la recherche d’un ou plusieurs objets exposés au musée (293). L’aspect ludique dans le musée attirait donc toujours plus d’enfants les matins et permettait au Seattle Art Museum d’avoir tous les samedis matins un nombre quasi-constant de jeunes visiteurs. Pour ce qui est des adultes, Laurence Vail Coleman indiquait déjà en 1939 l’existence de cours pour spécialiser les professionnels dans les musées de la côte Est des Etats-Unis, ainsi, par exemple, les employés dans le design pouvaient améliorer leur culture et leur imagination avec des leçons sur le sujet (294). Pour attirer les adultes à Seattle, des conférences étaient organisées, invitant des spécialistes pour discuter de leurs sujets. Elles étaient nombreuses et attiraient généralement des étudiants ou des connaisseurs puisque les sujets abordés étaient souvent pointus et donc pas forcément accessibles au plus grand nombre. La Henry Art Gallery aménagea des salles pour accueillir les travaux des étudiants ou encore des concerts diversifiant ainsi l’utilisation de l’espace mais peu d’activités furent organisées pour changer les évènements proposés dans la galerie. Pour ce qui est du Burke, nous observons qu’après 1964, ils développèrent les visites pour les élèves handicapés, permettant à ces jeunes de profiter des galeries comme les autres enfants de leurs âges (295). 

Les musées de la ville de Seattle doivent donc beaucoup à leurs départements d’Education qui cherchèrent au fil du temps à attirer toujours plus de monde à l’aide d’activités innovantes et originales. Même si la majorité des activités étaient principalement liées aux enfants et groupes scolaires, qui étaient les plus susceptibles de venir visiter les galeries, les responsables du public ne laissaient pas les adultes de côté leur proposant des sujets de conférences variés afin d’améliorer leur culture. 

Les guildes, un atout pour le Seattle Art Museum

Dès l’inauguration du Seattle Art Museum en 1933, nous observons la mise en avant d’une organisation au sein de l’institution (296). La Study Guild, ou guilde d’étude, correspondait à une association de femmes qui se regroupaient pour étudier et par la suite enseigner. Leurs rencontres avaient lieu deux fois par mois, les premiers et troisièmes jeudis du mois, pour étudier divers sujets liés aux collections du musée, ou divers sujets d’histoire de l’art (297).  Ces conférences attiraient un grand nombre d’auditrices, toutes membres de la guilde. Dès 1933, plus d’une centaine de femmes en moyenne participaient aux différentes présentations et on observe un intérêt et à une augmentation du nombre de rencontres lors de ces classes. En 1934, certaines rencontres étaient organisées des après-midis, en plus des rencontres matinales, permettant à un plus grand nombre de femmes de venir (298).  La guilde était cependant plus vue comme un club social pour les femmes de bonnes familles de la région (299), c’était l’occasion pour ces dernières de se retrouver et de partager un moment en bonne compagnie.  Il faut également noter que toutes les femmes qui devenaient adhérentes au musée à n’importe quel niveau (en fonction de leur donation annuelle de 5 dollars à plus de 1000 dollars) devenaient automatiquement membres de la guilde (300). La guilde avait tellement de succès qu’en 1936, elle prévenait d’un manque d’espace pour certaines conférences (301) et en 1957 l’association avait été obligée de créer une liste d’attente pour permettre à de nouveaux membres d’intégrer le programme (302). Cette organisation restait cependant une source d’inspiration et d’influence pour les gens qu’elle rencontrait mais elle influença également les collections du musée et le choix dans les expositions présentées dans ses galeries. 

Les sujets abordés au cours des conférences étaient essentiellement axés sur les collections du Seattle Art Museum. Les premières années du musée, la guilde d’étude aborda principalement les sujets de l’art chinois (303) et japonais (304), alors exposés en majorité dans les collections permanentes du musée. Mais ils abordèrent également d’autres thèmes tels que la Peinture de la Renaissance ou encore les Arts Graphiques. Les cours étaient généralement donnés par les conservateurs et directeurs du musée : madame Young, Richard Fuller (305)… mais ils pouvaient aussi demander à ce que des spécialistes viennent aborder le sujet de l’étude quand les employés du musée n’étaient pas suffisamment spécialistes dans le domaine étudié. Ce fut le cas en 1937, lorsque la guilde étudia l’art perse et son développement de la préhistoire à 1957.  Puisque Richard Fuller et les autres conservateurs ne maîtrisaient pas le sujet, ils demandèrent au « célèbre orientaliste » le docteur Alfred Salmony de venir réaliser des conférences sur l’art perse en partenariat avec l’Université de Washington (306).  Le spécialiste présenta les cinq premières conférences à la guilde, en plus des autres conférences publiques deux lundis soirs et deux dimanches après-midis en novembre et décembre 1937 (307). Une fois ces conférences réalisées par le spécialiste, nous observons que le musée profita de ses connaissances afin de réaliser des expositions liées à l’art perse. En 1938, afin de continuer l’apprentissage des membres de la guilde et pour illustrer les cours, le Seattle Art Museum accueillit cinq expositions temporaires abordant le sujet de l’art perse : architecture en février 1938, photographies d’art perse en avril dans deux expositions, puis en août et en septembre ce furent deux autres expositions qui sont organisées sur l’art perse (308). Mais il n’y avait pas uniquement les expositions qui abordaient le sujet. Les conférences publiques organisées au cours de l’année par Richard Fuller et Edith Young, présentaient divers aspects de l’art perse : ethnologiques abordant le sujet des migrations des tribus perses, historiques avec « Persépolis, capitale de la Perse ancienne » ou encore « La Perse durant l’Empire romain » et architectural avec l’architecture islamique de la Perse (309). Le Seattle Art Museum profitait également de ces conférences et classes sur des thèmes variés pour améliorer ses collections en acquérant des œuvres liées à ces sujets. En 1938, le rapport annuel annonce clairement que les acquisitions d’art perse étaient liées aux cours de la guilde puisqu’auparavant ce sujet n’était pas suffisamment présenté dans les collections (310). Pour cela, le musée acheta douze céramiques perses datant du XIIème au XVIIème siècle, des pages de manuscrits enluminés et des parties d’armures avec des décorations damascènes… Leurs connaissances plus importantes sur l’art perse et la possibilité de les présenter plus clairement aux visiteurs incitaient le musée à acquérir de nouveaux objets liés aux études de la guilde afin de diversifier leurs collections et leurs expositions.  La guilde par ce biais permettait donc au musée de s’améliorer mais pas uniquement. 

Seattle Art Museum (Carl Gould, 1933), Volunteer Park, Seattle, dans les années 1940. Carte postale

La guilde d’étude joua un rôle très important dans le développement et le succès du musée, mais également pour ce qui concerne l’accueil des publics et les finances de l’institution (311). Dès l’inauguration du musée, la guilde aida le service de l’éducation quand Edith Young n’était pas disponible. Les membres de la guilde s’occupaient alors de guider les groupes d’élèves et de touristes dans les galeries puisque ces dernières avaient des connaissances suffisantes sur les collections pour se charger de ces visites. En 1936, la guilde se chargeait de guider les groupes de dernières minutes qui souhaitaient visiter les collections et qui avaient besoin d’explications (312). La guilde se transforme alors en « réserves » de guides bénévoles pour le musée, permettant à de dernier de répondre à un plus grand nombre de demandes de visites guidées et améliorer la réputation de l’institution dans la région. En 1951, elles servirent de guides à plus de deux-mille sept cent personnes (313). En 1954 elles guidèrent plus de dix milles personnes dans les galeries du musée pour présenter les expositions permanentes mais également les temporaires pour lesquelles elles étaient également formées (314). Mais la guilde proposa aussi de nombreuses innovations au cours des périodes de crises afin de maintenir un certain revenu au musée. Au cours de la seconde guerre mondiale, puisque moins de personnes avaient accès aux transports en communs pour venir à la galerie, la guilde organisa des après-midis où le thé et le café étaient servis aux visiteurs accompagnés de sandwiches pour un faible prix (315), permettant au musée de récupérer quand même des fonds. Les membres de la guilde améliorèrent également grandement le nombre d’adhérents du musée par leurs relations et leurs activités. En 1942, elles avaient fait en sorte d’augmenter le nombre d’adhésions et cette amélioration avait permis au musée de voir 40% de ses dépenses couvertes (316). En 1954, l’organisation avait suffisamment pris d’importance dans le musée pour présenter son propre rapport annuel, et nous pouvons alors nous rendre compte de l’influence de la guilde pour le musée mais aussi pour l’éducation de la région. L’association organisait chaque année de nombreux évènements qui avaient de plus en plus d’impact dans la région. Elles proposaient depuis décembre 1951, un Noël traditionnel américain pour les étudiants internationaux, au départ de l’Université de Washington, qui étaient loin de leurs familles pour ces périodes de fêtes (317). En 1954, le succès est tel que des étudiants internationaux de toutes les universités de la région et même du Canada faisaient le déplacement pour participer à cette fête (318). La guilde sponsorisait également une exposition présentant les meilleures réalisations artistiques faites dans les lycées de la région et ce dès 1942 (319). Ces réalisations renforçaient alors les liens existants entre le Seattle Art Museum et les universités et les lycées de la région. Mais elles faisaient également en sorte de renforcer les liens entre les artistes régionaux et le musée. À de nombreuses reprises, elles demandèrent à des artistes de la région, peintres, sculpteurs, joaillers (320), de venir réaliser des œuvres dans le musée, présentant par ce biais l’artiste aux visiteurs, mais aussi ses techniques, et pouvaient même, par leurs activités, améliorer les collections du musée. La guilde était donc une organisation essentielle pour le développement du musée sur de nombreux points. Source de guides bénévoles, précieuse aide pour trouver de nombreux nouveaux adhérents mais également pour lever des fonds auprès de particuliers et d’entreprises régionales, aide pour la diversification des activités du musée… La guilde accompagnait le développement du musée et participait à l’amélioration de la réputation du musée à l’échelle locale et même internationale (321).  La guilde resta une organisation féminine jusque dans les années 1990, les hommes intégrèrent les rangs de guide du Seattle Art Museum uniquement après cette date (322). 

Les bibliothèques des musées, leur lien avec le public

Sur la côte Est des Etats-Unis, il était courant de voir des bibliothèques liées aux grandes institutions muséales avec des collections aussi importantes que les musées auxquels elles étaient associées (323). Cependant, sur la côte Ouest du pays, les livres possédés par les centres de documentation des musées n’étaient pas aussi importants et il fallait du temps pour regrouper une collection d’ouvrages suffisamment importante. Une fois encore l’institut le plus abondant en sources correspond à la bibliothèque du Seattle Art Museum. En effet, chaque année dans les rapports annuels, Richard Fuller abordait le sujet de la bibliothèque avec des renseignements plus ou moins précis et abondants. Pour ce qui est des deux autres musées étudiés, la Henry Art Gallery ne possède pas de bibliothèque à proprement parler, des livres sont disponibles mais pas dans un espace réservé à leur étude. Le rapport biannuel de 1936- 1938 du musée universitaire présentait les développements à venir pour l’amélioration de la galerie et il était alors fait mention que « la création d’une grande bibliothèque sur l’art ne devrait pas être plus retardée, puisqu’ils faisaient face à un nombre grandissant de demandes » auxquelles ils ne pouvaient pas répondre car ils ne possédaient pas assez de ressources (324). Le centre documentaire le plus proche correspond à celui du département d’Art de l’université de Washington, créé probablement pour pallier ce manque. Les sources n’abordent donc que rarement le sujet de la bibliothèque dans les archives de la Henry Art Gallery. Pour ce qui est du Thomas Burke Memorial Washington State Museum, il n’y a aucune mention d’une bibliothèque dans les rapports annuels. Est-ce dû au fait que les ouvrages étaient répartis entre les divers départements de l’université et donc pas conservés au sein du musée ? Ou bien parce qu’ils n’estimaient pas important d’informer le conseil d’administration sur l’évolution de leur bibliothèque ? Malgré les recherches, ces interrogations restent sans réponse. Aujourd’hui, les ouvrages spécialisés se situent dans les bureaux des conservateurs du musée et non pas dans une pièce réservée à leur étude. 

Les bibliothèques étaient des lieux importants pour le fonctionnement des musées, il se pouvait même que certains centres de documentation soient plus actifs que tout le reste du musée quand ces derniers devaient faire face à un grand nombre de demande de renseignements de la part des autres conservateurs (325). Le travail des conservateurs était fortement lié aux bibliothèques de leurs institutions puisque les ouvrages possédés étaient généralement spécialisés sur les sujets des collections. Ainsi, les recherches étaient plus facilement réalisables et les ressources nécessaires étaient disponibles au sein du musée. Initialement, la bibliothèque du Seattle Art Museum provenait de l’Art Institute de Seattle, l’association à l’origine du musée (326). La bibliothèque du musée commença donc au Volunteer Park avec déjà quelques ouvrages à proposer aux chercheurs. Dans le cadre des préparations en vue de conférences, des cours et des visites réalisés par les différents membres du personnel de l’institution, la bibliothèque était leur source principale d’information (327). Mais le centre de documentation n’était pas uniquement réservé aux membres du personnel du musée. Les guides de la guilde utilisaient souvent la bibliothèque pour prévoir les visites à venir, ou préparer les présentations réalisées devant des groupes de visiteurs. On retrouve cette information à diverses époques dans les rapports annuels, en 1952 avec la précision que la bibliothèque était alors utilisée pour entraîner et permettre aux guides de faire des recherches (328) et on retrouve des informations similaires en 1965, insistant sur le fait que les guides devaient faire des recherches dans cette bibliothèque pour se former (329). En effet, comme nous l’avions indiqué précédemment, la majorité des informations nécessaires pour organiser des visites se trouvaient alors dans les ouvrages du musée. Les membres de la guilde qui souhaitaient se former devaient également réclamer presque toujours les mêmes livres, ce qui incita la bibliothécaire du musée, en 1969, à créer une bibliothèque itinérante composée de cent-trente cinq livres que les guides pouvaient s’échanger dans le cadre de leur apprentissage (330). Enfin, la bibliothèque était ouverte au public extérieur au musée. Même si les prêts d’ouvrages n’étaient pas envisageables, la fréquentation de la bibliothèque était une activité habituelle et fréquente pour une bonne partie de la population. Dans un article rédigé à l’occasion de la fête des mères le 14 mai 1950, et qui décrit les diverses activités de madame Raymond B. Allen, une mère de famille de Seattle, nous apprenons que cette dernière avait pour habitude d’aller le samedi après-midi à la bibliothèque du musée (331). Pour attirer le plus de monde possible et rendre accessible les ressources sur les collections du musée, la bibliothèque était ouverte au public le dimanche après-midi dès 1935 (332). En 1951, la fréquentation de la bibliothèque était considérée comme satisfaisante par Richard Fuller dans son rapport annuel (333), et en 1953, il avait observé une hausse de 10% par rapport aux années précédentes (334). Mais le besoin d’accueillir toujours plus de visiteurs restait cependant un leitmotiv même pour la bibliothèque puisqu’en 1972, il est indiqué que le musée devrait alors augmenter la fréquentation dans sa bibliothèque dans les années à venir (335). La bibliothèque était donc un élément central dans le fonctionnement interne du musée, mais également pour sa fréquentation. Pour répondre à cette obligation, la bibliothèque devait elle aussi se diversifier dans le choix des ouvrages disponibles mais également avec les différents outils pédagogiques que les écoles, lycées et organisations pouvaient emprunter. 

Le besoin d’augmenter le nombre d’ouvrages dans les réserves de la bibliothèque était constant, nous observons que le nombre de livres était bien inférieur à ce que l’on pouvait voir sur la côte Est des Etats-Unis. En 1947 le Seattle Art Museum possédait 3365 livres d’art (336) alors qu’en 1939, la bibliothèque du Metropolitan Museum de New-York avait déjà plus de 85000 ouvrages à proposer à ses visiteurs (337). Cependant, même avec tous les dons et les achats réalisés et obtenus par la bibliothèque de Seattle au cours d’une trentaine d’année, le musée n’arrivait qu’à 8600 ouvrages possédés en 1971 (338). Les principales nouvelles acquisitions dans les livres possédées par le musée provenaient de dons. Il y avait en moyenne une centaine d’ouvrages qui étaient donnés chaque année à la bibliothèque du musée entre 1933 et 1952 avec un record en 1935 où le musée obtint 478 ouvrages supplémentaires pour ses collections (339). Après 1952, apparaît une nouvelle mention dans les rapports financiers du musée, relative aux dépenses de la bibliothèque (340), mais nous devons attendre 1954 pour avoir la précision que cette somme était utilisée pour les achats de livres, diapositives et magazines (341).  La bibliothèque du Seattle Art Museum possédait également un grand nombre de reproductions et de diapositives dans ses réserves et si les ouvrages n’étaient pas empruntables, ces reproductions et diapositives étaient quant à elles très souvent réclamées par diverses organisations éducatives. En 1948, la bibliothèque possédait sept-mille petites reproductions et près de dix mille diapositives (342). Pour les diapositives, leur nombre pouvait augmenter suivant les voyages réalisés par les membres du personnel. Par exemple, lors d’un déplacement en Inde et au Japon, le Docteur Lee, conservateur au musée, avait pris près de trois mille photos qui avaient été ensuite mises en diapositives et ajoutées aux collections de la bibliothèque (343). Cependant, il est précisé que cataloguer cette masse importante de diapositives était relativement compliqué et que cela demandait beaucoup de travail à la bibliothécaire et aux quarante jeunes bénévoles qui l’assistaient (344). Durant une courte période, on observa également une bibliothèque de films possédés par le musée qui pouvaient être empruntés par les écoles et les organisations régionales. En 1955, soixante-six films étaient au musée, et cinquante-huit d’entre eux étaient empruntables par des écoles (345). Ces films provenaient du Département de l’Etat des Etats-Unis ainsi que de grandes entreprises américaines qui avaient un rayonnement international. Nous pouvons donc penser que ces films étaient utilisés comme des outils de propagande auprès des scolaires et des clubs de la région. Les demandes de prêts les plus importantes restaient cependant celles concernant les diapositives. En 1969, sur les trente-sept mille diapositives possédées, dix-neuf mille avaient été réclamées au cours de l’année par des écoles et des organisations (346). En 1970, leur nombre était tellement important que pour faire de la place et récupérer des fonds, une partie de ces diapositives furent mises en vente et rapportèrent 1500$ au musée, permettant d’acquérir d’autres ouvrages pour la bibliothèque (347). Le centre de documentation était donc un élément important pour le développement et le fonctionnement du musée, aidant les conservateurs et guides à préparer leurs conférences et visites, mais créant aussi un lien avec le public extérieur et amenant le musée dans les écoles qui ne pouvaient pas se déplacer à l’aide des diapositives, des reproductions d’œuvres et des films. 

Le département d’Education, la guilde et la bibliothèque permirent donc au Seattle Art Museum, de se développer, créant des liens avec les habitants de la région en transmettant leur savoir dans les galeries mais également dans les organismes éducatifs de la ville et dans l’état de Washington. Les conférences proposées aux adultes permettaient aux étudiants et aux personnes employées qui le souhaitaient de diversifier ou d’approfondir leurs connaissances. La guilde et les guides qu’elle formait, furent d’une aide précieuse pour le développement des visites dans les galeries du musée, mais également pour la diversification des activités proposées au sein de l’institution. Enfin, ces formations et ces conférences avaient elles aussi besoin de la bibliothèque et de ses ressources pour préparer et regrouper les informations nécessaires sur les collections du musée et ainsi proposer un service des publics des plus efficaces. 

SOURCES:

(270) Laurence Vail Coleman. The Museum in America (Washington D.C. : The American Association of Museums, 1939), p. 297.
(271) Ibid., p. 298.
(272) Ibid., p. 297.
(273) Ibid., p. 304.
(274) Ibid., .
(275) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1934-35, 1935, p. 3.
(276) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1936, 1937, p. 13.
(277) Traduit de «Special class for exceptionally talented student from each Seattle high school », Richard Fuller, About the Seattle Art Museum, 1957. Richard Fuller Papers, 2039- 001 University of Washington Special collections.
(278) Henry Art Gallery, Annual Report 1927- 1928, 1928, p. 1.
(279) Ibid., p. 2.
(280) Erna Gunther, Biennal Report April 1942 to April 1942, 1942, p. 1.
(281) Washington State Museum, Report of the Washington State Museums 1947- 1948, 1948, p. 1.
(282) Le nombre de conférences allait de 181 réalisées en 1936 à 363 en 1938. Information obtenue dans les rapports annuels de 1933 à 1950.
(283) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1938, 1939, p. 11.
(284) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1940, 1941, pp. 11-12.
(285) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1935, 1936, pp. 12-13.(286) Traduit de : « I talked with the Directors of Education in the museums where they have such departments, and with the Directors of the Museums regarding their work with the public, such as membership, lectures and docent. It has been a source of extreme gratification to find that only the museums having a large staff and ample appropriations are attempting the volume of educational work that this Museum sponsors. » Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1937, 1938, pp. 14-15.
(287) Burke Museum, Thomas Burke Memorial Washington State Museum Annual report 1963- 1964, 1964, p. 44.
(288) Ibid., pp. 44-45.
(289) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1934, 1935, p. 10.
(290) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1935, 1936, p. 15.
(291) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1936, 1937, p. 14.
(292) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1939, 1940, p. 16.
(293) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1946, 1947, p. 11.
(294) Laurence Vail Coleman. The Museum in America (Washington D.C. : The American Association of Museums, 1939), p. 325.
(295) Burke Museum, Thomas Burke Memorial Washington State Museum Annual report 1963- 1964, 1964, p. 45.
(296) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1933, 1934, p. 11.
(297) Ibid., p. 12.
(298) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1934, 1935, p. 7.
(299) Information obtenue auprès de Traci Timmons, documentaliste au Centre Documentaire et bibliothèque du Seattle Art Museum., Echange réalisé le 10 mai 2016 au SAM.
(300) Richard E. Fuller. « About the SAM », Richard Fuller Papers 2039-001, dossier 8/8, 1957, p. 2.
(301) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1936, 1937, p. 11.
(302) Richard E. Fuller, A gift to the City, A History of the Seattle Art Museum and the Fuller Family (Seattle ; Seattle Art Museum, 1993), p. 42.
(303) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1933, 1934, p. 11.
(304) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1934, 1935, p. 7.
(305) Richard E. Fuller, A gift to the City, A History of the Seattle Art Museum and the Fuller Family (Seattle ; Seattle Art Museum, 1993), p. 42.
(306) Traduit de « In the fall, the University also cooperated with us in bringing to our city Dr. Alfred Salmony, the noted Orientalist. » Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1937, 1938, p. 9.
(307) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1937, 1938, p. 16.
(308) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1938, 1939, pp. 20-21.
(309) Traduit de « « Grass-the Migration of Persian Tribes, » by Mrs. A. M. Young, « Persepolis, the Capital of Ancient Persia, » by Richard E. Fuller, « Persia During the Roman Empire, » by Richard E. Fuller, « Islamic Architecture of Persia, » by Richard E. Fuller ». Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1938, 1939, p. 15.
(310) Traduit de « The Study Guild course on the historical development of Persian art caused us to concentrate our attention on that important Oield, which the Museum collection had previously touched but lightly. ». Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1938, 1939, p. 7.
(311) Richard E. Fuller, A gift to the City, A History of the Seattle Art Museum and the Fuller Family (Seattle ; Seattle Art Museum, 1993), p. 42.
(312) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1936, 1937, p. 14.
(313) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1951, 1952, p. 17.
(314) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1954, 1955, p. 12.
(315) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1942, 1943, p. 10.
(316) Ibid., p. 12.
(317) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1951, 1952, p. 17.
(318) Plus de 400 étudiants étaient alors présents. Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1954, 1955, p. 12.
(319) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1953, 1954, p. 15.
(320) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1954, 1955, p. 12.
(321) La guilde avait servit de guide à de nombreuses femmes appartenant au Rotary club qui étaient venues à Seattle en 1954. Certains membres de la guilde avaient même accueillit chez elles des membres du Rotary en dé placement dans la région. Ibid., pp. 12- 13.
(322) Information obtenue auprès de Traci Timmons, documentaliste au Centre Documentaire et bibliothèque du Seattle Art Museum., Echange réalisé le 10 mai 2016 au SAM.
(323) Laurence Vail Coleman. The Museum in America (Washington D.C. : The American Association of Museums, 1939), p. 336.
(324) Traduit de : « The building up of a large art history library in all fields should not be postponed too long. There are increasing demands upon the ressources of the gallery and much greater help could be given to students if these resources were more ample. » Henry Art Gallery, Henry Art Gallery Biannual Report 1936- 1938, 1938, p. 3.
(325) Laurence Vail Coleman. The Museum in America (Washington D.C. : The American Association of Museums, 1939), p. 338.
(326) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1932- 1933, 1933, p. 4.
(327) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1949 1950, p. 15.
(328) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1952, 1953, p. 12.
(329) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1965, 1966, p. 14.
(330) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1969, 1970, p. 10.
(331) « Speaking of Mother’s Day », The Seattle Daily Times, 14 mai 1950, p. 9.
(332) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1935, 1936, p. 1.
(333) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1951, 1952, p. 10.
(334) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1953, 1954, p. 8.
(335) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1972, 1973, p. 13.
(336) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1948, 1949, p. 14.
(337) Laurence Vail Coleman. The Museum in America (Washington D.C. : The American Association of Museums, 1939), p. 337.
(338) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1971, 1972, p. 8.
(339) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1935, 1936, p. 7.
(340) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1952, 1953, p. 22.
(341) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1954, 1955, p. 22.
(342) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1948, 1949, p. 14.
(343) Ibid., p. 15.
(344) Ibid., p. 14.
(345) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1950, 1951, p. 18.
(346) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1969, 1970, p. 10.
(347) Seattle Art Museum, Seattle Art Museum Annual Report 1970, 1971, p. 7.

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