Esther Mahlangu, ou la transmission de la culture Ndébélé

Esther Mahlangu, Untitled, 2020. © Esther Mahlangu

Continuons notre tour en hémisphère Sud avec aujourd’hui la découverte d’Esther Mahlangu, artiste Sud-Africaine née en 1935, qui partage son héritage Ndébélé avec le reste du monde grâce à des compositions géométriques et colorées.

Esther Mahlangu en 2015. © Freddejager 

Esther Mahlangu apprend la peinture à l’âge de 10 ans auprès de sa mère et de sa grand-mère. La tradition dans sa région veut que les femmes préparent de nombreux pigments colorés qui sont ensuite utilisés pour peindre l’extérieur des maisons, représentant d’importants événements de la vie des habitants – les mariages par exemple – le tout combinant une répétition de formes géométriques. Les dessins sont alors liés par une bordure noire contrastant entre le blanc de la façade et les couleurs vives des pigments utilisés.

Maison d’Esther Mahlangu présentée à Paris en 1989. ©Freddejager 

L’artiste est découverte en 1989 à Paris lorsque le Centre Pompidou organise l’exposition Magiciens de la terre. À cette occasion, les conservateurs souhaitent partager leur découvertes d’artistes talentueux venus d’Afrique, d’Asie ou encore d’Océanie en parallèle avec des artistes occidentaux connus. L’œuvre représentant le travail d’Esther Mahlangu est une copie quasiment identique de sa maison, installée à la Villette. La seule différence est le toit qui est en Europe réalisé en aluminium alors qu’il est en chaume dans son village. Les organisateurs lui proposent alors de peindre le toit avec des créations inédites ce qu’elle fait « avec des plumes de poulet, sans pinceaux […] comme [lui] avaient enseigné [sa] mère et [sa] grand-mère. »

L’African Art Project réalisé par Esther Mahlangu avec BMW en 1991 © Strainu

À partir de là, on la contacte pour des projets divers et variés: BMW lui demande en 1991 de peindre une de leurs voiture faisant de ce véhicule le premier African Art Car peint (Andy Warhol l’avait fait quelques décennies avant). Esther Mahlangu est la première femme à faire ce projet et surtout la première non-occidentale. British Airways lui propose e 1997 de peindre les queues de leurs avions utilisant son héritage Ndébélé, ses couleurs vives et ses formes géométriques. Plus récemment elle a collaboré avec une marque de Vodka qui donnait une partie des profits de la vente des bouteilles décorées par l’artiste pour la lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose.

En 2010, elle est retournée dans sa région natale où elle a créé une école pour les jeunes filles et femmes afin de leur transmettre les traditions en peinture mais aussi la technique de composition avec des perles. Mais à 85 ans, elle ne s’arrête pas là continuant d’exposer dans de nombreux musées et galeries et internationaux et à voyager partageant ses traditions avec le reste du monde. Sa dernière collaboration en date: décorer l’intérieur d’une Rolls Royce Phantom avec ses formes géométriques bleues en 2020, de quoi colorer la vie de ses futurs conducteurs !

Esther Mahlangu dans la Rolls Royce décorée par ses soins. 2020 © Willie Botes

À bientôt pour de nouvelles découvertes !

Sources:
– Jason Burke, Renowned artist Esther Mahlangu urges Africans to hold on to their traditions, The Guardian, 22/11/2020, consulté en ligne le 8 janvier 2021.
– Tracy McVeigh, Grandmother of African art finds unlikely partner in war on Aids, The Observer, 28/08/2016, consulté en ligne le 8 janvier 2021.
– Norma Young, Esther Mahlangu adds ‘sacred Ndebele geometry’ to Rolls-Royce Phantom, The South African, 13/02/2020, consulté en ligne le 8 janvier 2021.
– Peggy McGlone, Ndebele artist Mahlangu uses bold colors, striking graphics to honor African heritage, The Washington Post, 3/10/2014, consulté en ligne le 8 janvier 2021.

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